Comment qualifier la prestation de Fleur Sulmont, comédienne lumineuse dans son monologue de « neuf mouvements pour une cavale », sans risquer de la réduire à une dimension trop exiguë tant l’amplitude, la densité de jeu et de texte étaient impressionnants. Elle a littéralement happé les très nombreux spectateurs, sortis sidérés de cette représentation hors normes, donnée jeudi 4 et vendredi 5 à La Belle Epoque à Pérignat.
Hors normes dans tous les sens du terme car la Colloc de Cournon avait proposé à la commune de Pérignat de donner ces deux représentations à « La Belle Epoque », ancien bâtiment agricole construit au début du siècle dernier, devenu aujourd’hui propriété communale et dont le dénuement intérieur des espaces débarrassés pour l’occasion, se prêtaient bien à la sobriété qu’exige cette histoire écrite par Guillaume Cayet. L’histoire vraie de Jérôme Laronze, l’histoire d’une vie de paysan et de sa terre broyée par un système aussi implacable qu’inhumain.
« Neuf mouvements pour une cavale », de la compagnie « Le désordre des choses, » fait partie de ces créations originales dont on ne peut sortir sans être touché au plus profond de soi même. Elle offre au public une puissante illustration du rôle d’ « aiguillonneur de conscience » que joue le spectacle vivant.
Le maire et les élus Pérignatois n’ont pas manqué de remercier chaleureusement leurs homologues Cournonnais, présents nombreux dans la salle, les services culturels de la ville de Cournon et la Comédie de Clermont pour avoir initié cette démarche originale, appréciée et riche de perspectives à venir.
Il s’agit d’un récit-témoin. Celui d’une soeur, racontant l’histoire tragique de son frère, paysan assassiné par un gendarme.
En neuf mouvements, la soeur raconte l’avant de la catastrophe, puis l’après; comment survivre de ce drame ? Et surtout comment réarmer la colère, politiquement ?
La soeur pourrait s’appeler Assa Traoré. Ici elle s’appelle Antigone. Ou plutôt, même si elle n’est pas nommée, Marie-Pierre, puisque cette histoire, est l’histoire du paysan Jérôme Laronze assassiné le 20 mai 2017 par un gendarme après neuf jours de cavale. Et celle qui parle, sa soeur.